Le Lurcher


Il serait complètement inutile de chercher le Lurcher dans les rues et sur les promenades de Londres, dans nos principales villes, ou dans nos grandes expositions canines. On ne le trouve que dans quelques-unes de nos cités manufacturières, où il se tient caché ; son aspect est peu attrayant, et le caractère modeste et effacé de son maître ne lui permet pas de se produire en public.

Le Lurcher est par excellence le chien du braconnier. Si vous voulez vous rendre compte de l'aspect de ce chien, allez dans les campagnes à la rencontre du journalier, qui ne travaille que forcé par le besoin, homme solidement et grossièrement bâti dont la démarche et l'allure, moitié fanfaronnes, moitié sournoises, dénotent le maraudeur de nuit ; vous finirez par découvrir ce chien, collé à ses talons, ou couché à ses pieds dans un cabaret.


Cet animal n'est pas l'affreuse bête qu'on se plait à décrire ; son type varie beaucoup, mais son nom peut plutôt donner une idée de l'usage qu'on en fait et de sa manière de travailler ; le Lurcher ancien et pur à un type très caractéristique et tout à fait particulier.

Ce chien est le produit du croisement du Colley (chien de berger) écossais et du Lévrier. En moyenne, il a les trois quart de la taille du Lévrier mais il est plus solidement bâti ; son ossature est plus lourde, et cependant il est agile et souple ; sa conformation générale indique la rapidité ; ses yeux à moitié fermés et clignotants lorsqu'il est couché et fait semblant de dormir, indiquent bien son intelligence et sa ruse. Son poil est rugueux, dur et inégal ; ses oreilles grossières ; son air non pas rustique, mais vulgaire.

Deerhound waiting
Vous pouvez du reste dire : tel chien, tel maître ! et constater qu'on a bien négligé leur éducation et leur élevage à tous les deux, l'avantage reste au chien. Ce dernier adore son maître ; il est prêt à défendre ou à attaquer ; son  obéissance est volontaire, prompte, entière et tacite. Il n'aboie pas, ne grogne pas et ne jape pas ; en un mot il ne fait pas de bruit.

Collé au talon de son maître, ou faisant le guet au coin de la haie, jusqu'à ce que les collets et le filet soient posés, il part au silence au simple signe de la main, fait le tour du champ et rabat les lapins et les lièvres sur les pièges.

J'attribue cette intelligence hors ligne que j'ai remarquée chez plusieurs Lurchers à leur perpétuelle intimité avec leur maîtres. Le chien et son maître mangent, dorment et braconnent ensemble.
Deerhoud Maida à Sir Walter Scott
Maida à Sir Walter Scott
Père berger de calabre mère Deerhound
Certains Lurchers ont du croisement de Terrier, de Harrier, de pointer ou de Setter. J'en ai connu un qui avait pour mère un Irish Water Spaniel (épagneul d'eau irlandais) pur sang, et pour père je crois, un Retriever à poil plat ; je n'ai jamais vu de chien meilleur pour surprendre le lièvre. Il avait un nez remarquable et sur un terrain rugueux et couvert, il n'avait pas son pareil pour s'approcher à bonne distance du lièvre gîté, et pour sauter dessus ; rarement il manquait son coup.

Ce chien, par sa manière adroite et heureuse de se rapprocher du gibier, me rappelait tout à fait le Tumbler (chien sauteur, estoquiau) décrit dans le livre intitulé Englishes Dogges ; il ressemblait non pas au produit croisé du lévrier, mais à un caniche noir, commun et frisé.

Le Lurcher chasse indifféremment à vue et par le nez, comme cela lui convient, mais toujours en rusant. Laissez lui lever un lièvre, il fera un détour pour le happer au passage : mais son adresse consiste à ramper et à sauter sur le lièvre au gîte.

Pour plus d'information consulter le site consacré aux lurchers. Il est en anglais mais il contient de nombreuses informations fort intéressantes et aussi des liens vers d'autres sites consacrés aux lurchers.