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Le
Deerhound grâce à sa taille élevée et à
son poil dur, a l'air plus imposant que son frère le Greyhound,
et il a certainement des personnes qui le placeraient à la tête
de la famille. Ainsi que je l'ai déjà écrit, je
considère tous le chiens de notre groupe comme issus d'une seule
et même origine. Les différences qui les distinguent aujourd'hui
proviennent de la variété des usages auxquels ils étaient
destinés, l'éducation et la sélection ayant alors
peu à peu dégagé et perfectionné les qualités
propres au genre de travail qu'on exigeait de chaque race : c'est ainsi
que se sont formés à la longue des signes caractéristiques
divers, qui, fixés et consolidés par le croisement en
dedans ont constitué des races définies. Je ne puis admettre
la théorie extraordinaire que préconise un auteur que
je cite un peu plus loin, théorie d'après laquelle le
Deerhound a été fait exprès par la Providence et
ne sert que pour la chasse du cerf, ce qui semble confirmer une théorie
suivant laquelle chaque contrée possédait une race particulière
de chiens pour son propre usage. L'homme peut arriver à façonner
les animaux à sa convenance ; il l'a bien prouvé par les
races canines actuelles ; et nous pouvons dire en toute justice que
ces races, grâce aux soins que nous leur avons données,
possèdent une perfection qu'elles n'auraient pas obtenue autrement.
Rendons hommage et respect à la source suprême de notre
puissance ; car, il serait insensé, pour céder à
je ne sais quelle religion étroite et fausse de ne pas le reconnaître.
Souvent
l'on confond le Deerhound (chien pour daims) avec le Staghound (chien
pour cerf) ; et dans le catalogues des expositions du nord de l'Angleterre,
celle d'Aberdeen par exemple, le Deerhound est classé sous la
rubrique de Staghound. Il est utile de signaler ce fait pour empêcher
des confusions ; en effet, en Angleterre le Staghound forme une classe
complètement à part, qui, ne chassant qu'avec le nez à
beaucoup d'analogie avec le Foxhound (chien pour renards), et n'est
composée souvent que de Foxhounds d'une taille plus élevée.
Le Deerhound prend aussi les noms de Rough Greyhound (lévrier
à poil dur), de Northern Hound (lévrier du nord), et de
Fleet-Hound (lévrier rapide).
Pour
les Deerhounds, Stonehenge, qui généralement écrit
avec grand soin et précision, dit « En étudiant
en détail la description donnée par Arrien, il est
impossible de ne pas se rendre compte que de son temps le Lévrier
était à poil dur, et pareil en tout au Lévrier
Ecossais actuel . » Mais au contraire Arrien est très explicite
sur ce point et prouve qu'il connaissait parfaitement les deux variétés
de chiens, lorsqu'il dit : « Les poils, que le chien fût
à poil dur ou à poil ras, etc. …>. Je donne cette phrase
à l'appui de ma théorie qui dit que tous les membres de
ce groupe ont une origine commune. Idstone est disposé à
croire « que cette race est importée » ; mais il
ne donne aucune raison, et ajoute que « c'est une des races les
plus anciennes que nous possédions ».
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En
ce qui concerne la taille du Deerhound, pour l'usage pratique que l'on
en fait dans les Highlands, il paraît prouvé qu'un chien,
ayant plus de 76 centimètres à l'épaule, est inutile.
Un amateur qui fait autorité, et dont la famille se vante d'avoir
conservé depuis 60 ans la race la plus pure des Highlands pour
la chasse seulement, donne comme hauteur de « 66 à 71 cm
», et ajoute : « Les chiens plus grands peuvent être
très bons pour les courses, mais je ne suis pas convaincu, par
expérience qu'un chien ordinaire accomplit mieux son travail.
» L'opinion suivante des deux plus grandes autorités qui
existent doit convaincre même ceux qui, par leur raisonnement
et la direction de leurs efforts, soutiennent que les Deerhounds ne
sont jamais assez grands et assez forts pour leur travail. Les amateurs
dont je parle sont MM. Lochiel et Horatio Ross, les plus grands chasseurs
existants dans le genre qui nous occupe, et peut-être bien les
meilleurs sportsmen en tous genres. Le premier s'exprimer ainsi : «
Quant à moi, je n'aime pas les chiens qui ont plus de 76 cm,
et je préfère ceux qui ont une taille variant entre 71
et 76 cm trop grands, ils deviennent trop lourds et tout à fait
inutiles pour un travail sérieux. Une taille trop forte provient
souvent du genre de nourriture, et accompagne dans ce cas un chien lourd
et mou, incapable de rendre les services qu'on lui demande,. »
Le second fait observer que « pour chasser le daim, le taille
variant de 71 à 76 cm est bien suffisante. Un très grand
chien n'est jamais un bon chien, et il est généralement
battu dans les montées. » A quoi sert la théorie
en présence de telles opinions basées sur une si longue
expérience ? Le Lt-Colonel Inge, qui a longtemps chassé
dans une des plus grandes forêts d'Ecosse, et dont le chenil des
Deerhounds s'est très bien vendu à Aldridge, il y a quelques
années, était du même avis et considérait
les grands chiens comme inutiles pour la chasse. J'ai connu personnellement
cinq chenils des Deerhounds dont les maîtres chassaient en Ecosse
; et ces messieurs m'ont toujours dit que les très grands chiens
ne servaient à rien. Les propriétaires des trois fameux
Deerhounds d'exposition, d'environ 78 cm de taille, et d'un quatrième
qui est célèbre en Amérique, m'ont avoué
qu'ils avaient vendus leurs chiens parce qu'ils les trouvaient trop
grands pour servir en Ecosse ; cependant, de ces quatre chiens, trois
étaient bien proportionnés et de belle apparence pour
leur taille, et pas un de dépassait 78 cm à l'épaule.
Ces chiens s'appelaient Old Torunn, Bran (premier prix Crystal Palace,
1872), et Sir Boriss. Quant au quatrième, il ne fut jamais exposé
en Angleterre. On se rappellera peut-être que Buskar, à
M. Mc Neil, le plus grand de tous les chiens qui prirent part à
cette course au daim que Scope à décrite dans son livre
sur « La chasse à l'affût des grands animaux »
n'avait que 70 cm de hauteur. Pour voir le croquis d'après nature
qu'en a fait Landseer, il faut aller à la galerie Nationale,
à Londres, collection Bell. On y trouvera certainement le corps
un peu léger, mais il ne faut pas oublier, que de l'avis de Mc
Neil, se portrait ne rendait pas justice à la forte charpente
et la vigoureuse apparence de son Deerhound. Il devait en être
ainsi, puisque
Il
résulte de ce que nous venons de dire que les très grands
chiens sont à peu près inutiles pour la chasse pratique
des daims ou des cerfs. Doit-on en conclure de là que les Deerhounds
d'exposition doivent être nécessairement petits ? Assurément
non. Tout le monde aime un chien de belle taille et de noble prestance,
et peut-être est-il permis de tolérer dans un sujet d'exposition
un léger excès de taille ; mais ce qui est condamnable,
c'est le fait de primer un chien par la seule et unique raison, qu'il
est grand, lourd et massif, en un mot parce qu'il possède les
soi-disant qualités qui le rendraient complètement impropre
à remplir les fonctions auxquelles il est destiné. Je
crois pour ma part que les chiens mesurant 76 cm de hauteur sont assez
grands pour tous les usages ; et les éleveurs emploieraient mieux
leur temps à améliorer la qualité en alliant la
vitesse à la force, au lieu de chercher à vouloir dépasser
cette moyenne.
Les
motifs de l'abandon progressif du Deerhound en Ecosse sont bien connus
; ce sont : la plus grande précision des carabines modernes et
l'extrême subdivision des forêts et droits de chasse, résultant
de la multiplicité des demandes à satisfaire. Autrefois,
lorsque les grands propriétaires ou les chefs de clans écossais
conservaient la jouissance de leurs vastes domaines avant d'avoir compris
quels monceaux d'or ils pouvaient retirer de leurs collines désolées
et de leurs sauvages bruyères, que leur importait de troubler
les grands animaux et de les chasser plus ou moins loin ? Maintenant
au contraire que les forêts de chasse se sont multipliées
au détriment de leur étendue, on a perdu l'habitude d'utiliser
le Deerhound, dont la poursuite effraye et fait émigrer les grands
animaux plus que toute autre chose, et même dans beaucoup de baux,
l'usage de ce chien est interdit.
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On
lira avec intérêt ce que dit à ce sujet le capitaine
Horatio Ross, dont les paroles ont ici une autorité toute particulière,
puisqu'il a chassé les grands animaux à l'affût
pendant cinquante ans : « Le Deerhound Ecossais de race pure est,
à mon avis, le plus beau des chiens. J'aime par habitude et par
souvenir le vieux Deerhound de race pure. Cependant ce n'était
pas un animal intelligent ou malin. On ne peut pas nier qu'il fût
audacieux, rapied et doué d'un vue perçante ; mais si
par hasard les inégalités du terrain arrivaient à
lui dérober le cerf, que celui-ci fût blessé ou
non, tout était fini. Il allait de droite à gauche, bondissant
affolé ; et s'il apercevait une harde d'animaux frais, il se
précipitait vers eux et les poursuivait quelquefois pendant quinze
kilomètres. L'on sait aujourd'hui que le cerf vigoureusement
poursuivi par les chiens, retourne rarement sur le terrain d'attaque.
C'est pour cette raison que dans ces derniers temps on préférait
les Lurchers, ou chiens bâtards de braconnier, pour retrouver
les animaux blessés ; ces chiens provenaient du croisement du
pur Deerhound Ecossais et du Foxhound. S'ils perdent de vue l'animal
blessé, ils se mettent le nez à terre, et avec la persévérance
du Foxhound, suivent à la trace, jusqu'à ce qu'il la retrouve.
Actuellement ce sont les Mc Neil de Collossay qui possèdent les
Deerhounds les plus purs. Ils chassent le cerf à courre, et non
pas à l'affût, et ils considèrent comme un crime
de le tuer au fusil. »
Le
capitaine Ross possédait un fameux Deerhound, appelé Oscar,
le père de tous les bons chiens de l'époque. Après
la mort de cet animal, en 1846, il abandonna l'élevage de la
race. « Depuis vingt-cinq ans, écrit-il dans l'introduction
qu'il a faite pour le Manuel du tir à l'affût des grands
animaux de Macrae, je n'ai pas employé de chiens pour chasser
le cerf ou le daim. »
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«
L'exposant possède cette race depuis soixante-trois ans. Non
seulement ce sont les meilleurs chiens de chasse que l'on puisse trouver,
mais aussi ils sont parfaits dans leurs formes, comme le prouvent les
différents portraits que l'on a fait d'eux. Le propriétaire,
pour maintenir la supériorité de la race, les a croisé
de temps en temps avec les meilleurs chiens du chenil de feu le Duc
de Leeds et de Lord Henry Bentick.
«
Horatio Ross écrivait à M. Malcolm Clarke à propos
de ses chiens : « Lorsque je les voyais travailler dans les forêts
de Mar Lodge et de Glengeshie, ils me paraissaient être de premier
ordre. J'ai chassé les grands animaux pendant plusieurs années
dans ces forêts avec le duc de Leeds, ses meilleurs Deerhounds
venaient de chez M. Malcolm Clarke. » Fly, leur mère à
tous, était de cette ancienne race dite de « Gruagach »
que l'on considère depuis très longtemps comme la meilleure
et la plus pure de l'Ecosse ».
«
Ces chiens étaient presque tous d'une couleur fauve tirant sur
le jaune, plein de caractère, de taille moyenne. Cependant, l'un
d'entre eux, Ossien d'un gris jaunâtre, avait près de 76
cm de hauteur, c'était un chien de premier ordre ; il atteignit
du reste le prix le plus élevé à la vente, et fur
acheté par Lord Grosvenor, qui le connaissait. »
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Ce
qui menace aussi de faire beaucoup de tort à la race des Deerhounds,
c'est la tendance qui existe actuellement à confondre l'Irish
Wolfhound (chien irlandais pour loups), dont la race est éteinte
depuis longtemps, avec un Deerhound de taille grotesque. Pour obtenir
cette taille si au-dessus de la moyenne, on a croisé le Deerhound
avec plusieurs races très grandes, et même, je crois avec
le Saint-Bernard ; mais les résultats n'ont pas été
satisfaisants, car, bien qu'on ait obtenu de la lourdeur et de la masse,
il ne semble pas qu'on ait augmenté la taille. Quelques-uns des
produits ainsi obtenus ont été classés aux expositions
comme des Deerhounds ; mais, avec leur sang mêlé, ces chiens
ne feront aucun bien à la race, s'ils lui transmettent les qualités
qui leur sont propres.
Nous
venons de voir ce que le Deerhound ne doit pas être, étudions
à présent ce qu'il doit être. Sans nul doute, ce
chien n'est autre que le grand lévrier à poil dur d'autrefois,
destiné, comme le dit Hollinshed, à chasser les grands
animaux, tels que daims, cerfs, etc. …, et probablement aussi répandu
à une certaine époque en Angleterre qu'en Ecosse. La disparition
des grands animaux à l'état sauvage, survenue en Angleterre
beaucoup plus tôt qu'en Ecosse, permet de comprendre pourquoi
ce chien s'est conservé dans ce dernier pays, après avoir
disparu du premier.
L'on
faisait alors usage en Angleterre de grands Lévrier à
poil long et dur ; les écrits de Caius, D'Holinshed et de plusieurs
autres auteurs ne permettent pas d'en douter et cette certitude est
un argument de plus contre la théorie de Richardson. En effet,
si le Chien d'Irlande n'avait été qu'un simple Lévrier
à poil dur, il n'aurait pas été remarqué.
Mais il est de toute évidence que c'était un animal d'une
espèce particulière, propre à l'Irlande ; en un
mot, autre chose qu'un simple lévrier à poil dur. Le Lévrier
de Russie est encore un autre spécimen du Grand Lévrier
à poil dur d'autrefois, et cependant je n'ai jamais entendu dire
qu'il était d'origine irlandaise.
Le
capitaine Grahmam, dans son Book of Dog, nous dit qu'il
a été fait mention pour la première fois du Deerhound
en 1769 , par Pennant ; et plus loin, il déduit de ce fait son
principal argument en faveur de la théorie qu'il émet
sur le Wolfdog. Voici comment il s'exprime : « Tandis que, depuis
une époque reculée, toutes les races intéressantes,
y compris celle de l'Irish Wolfdog, nous sont décrites, il n'est
fait mention nulle part du Deerhound, si ce n'est dans des écrits
relativement modernes ; c'est ce qui, dans une certaine mesure, nous
autorise à supposer que les Deerhound est le représentant
moderne de ce superbe animal. »
Maintenant,
si elle est exacte, ma théorie, d'après laquelle le Deerhound
n'est autre chose que le grand Lévrier à poil dur dont
on se servait pour chasser les grands animaux, peut très bien
se défendre. Cette lacune n'est qu'apparente et peut s'expliquer,
puisque nous ne manquons pas de renseignements sur cette espèce
de lévriers. Il est à remarquer que, même de nos
jours, les Highlanders donnent souvent au Deerhound le nom de «
Greyhound ». Autrefois un propriétaire m'a affirmé
que les gardes de ses forêts se servaient toujours du mot «
Greyhound », et j'ai en ma possession des lettres de propriétaires
dans les Highlands, dans lesquelles les termes de Greyhound, Staghound
et Deerhound, sont indifféremment employés ; en réalités,
on se sert maintenant beaucoup plus du terme Staghound que du mot Deerhound.
Nous
ne pouvons donc pas nous étonner de ne pas trouver le mot Deerhound
employé anciennement, lorsque le Greyhound n'est mentionné
que sous le nom de Highlands Greyhound ou sous quelque dénomination
équivalente. Les Irish Greyhound, dont fait mention Taylor en
1620, étaient certainement des Deerhounds ; mais, enfin d'empêcher
tout ergotage sur les termes, je m'en vais montrer que le mot propre
« Deerhound » était en usage il y a déjà
longtemps et bien avant qu'on ne puisse admettre une dégénérescence
quelconque du Wolfdog. Voici ce que l'on peut lire dans l'Histoire
d'Ecosse de Piscottie, publiée vers 1600 : « Le roi
Jean /Jean V d'Ecosse qui régnait en 1528) exprima le désir
que tous les nobles qui possédaient des bons chiens, eussent
à les amener et à les réunir pour chasser ; presque
toute la noblesse des Highlands se conforma à la volonté
royale, entre autres les Comtes de Huntley, l'Argyle et d'Athol, qui
amenèrent avec eux leurs Deerhounds et chassèrent avec
Sa Majesté. »
Ce
passage me paraît concluant et détruit complètement
ce qui peut rester de l'argumentation au moyen de laquelle Graham a
voulu prouvé que le Deerhound et l'Irish Wolfdog n'étaient
qu'un seul et même chien.
En
effet, cette assertion tombe de soi lorsque l'on considère que
le Wolfdog Irlandais n'a été importé en Ecosse
qu'à une époque où les Deerhounds s'y trouvaient
déjà en grand nombre, et n'avaient certes pas eu le temps
de dégénérer. Quant à prétendre,
comme le font les défenseurs des théories de Richardson,
que le nom de Deerhound (chien pour daims) n'a remplacé celui
de Wolfdog (chien pour loups)qu'après le changement survenu dans
la nature du gibier que poursuivaient ces chiens, et que par conséquent
le terme de Deerhound est tout à fait moderne, cela me paraît
singulièrement fantaisiste devant ce fait que le nom du Deerhound
est employé depuis plus de 300 ans. La théorie que nous
combattons ne repose donc sur aucun argument sérieux.
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Dans
les temps moderne, la race de M. Menzie de Chesthill est sans aucun
doute la plus ancienne dont nous ayons connaissance. Un amateur du pays
a acheté il y a quelques années un chien nommé
Ossien à la vente de Menzies, me fit savoir que cette famille
prétend avoir conservé depuis 100 ans le sang de ces chiens
complètement pur. Ossien est le grand père de mon champion
Cuchullin.
Après
cette race de Chesthill, on pourrait classer par ancienneté celle
de M. Grant ; car le capitaine Basil Hall, qui fit en 1848 la description
de ces chiens et par conséquent les avait vus peut-être
un an auparavant, prétend que Grant avait conservé cette
race pendant 30 ans ; cela nous ramènerait à peu près
à l'année 1815.
A
ma connaissance le Capitaine Basil Hall n'a jamais été
cité au sujet des Deerhounds ; ce qu'il en dit cependant est
si intéressant que je me permets de rapporter quelques-unes de
ses paroles. D'après lui, Glenmoriston aurait eu son premier
chien du Capitaine Macdonald de Moray, dans lle Braes de Lochaber. Ayant
entendu parler d'une très belle chienne pur-sang. Célèbre
par son grand courage et sa force de résistance, appartenant
à M. Mackenzie d'Applecross, Glenmoriston proposa à ce
dernier de s'associer à lui pour entretenir avec soin cette race.
Mackenzie ayant refusé, la chienne fut amenée à
Invermoriston ; depuis cette époque, de 30 ans environ antérieure
à celle des écrits de Hall, la race est restée
pure de ce coté.
Le
Capitaine Hall nous dit ensuite que Glenmoriston céda cette race
peu après à M. Ellis de Glengarry ; puis il ajoute :
«
Quoi qu'il en soit, il faut se donner beaucoup de mal et surmonter de
nombreuses difficultés pour arriver à élever ces
chiens et à conserver leur sang pur. Croisez-les seulement une
seule fois, et vous trouverez dans la portée un choit à
poil ras (c'est ce qui est arrivé à Grant) ; à
partir de ce moment, vous aurez toujours un ou deux chiots à
poil ras. Je dois cependant avouer, de ce qu'ils sont à poil
ras, ils n'en sont pas moins rapide et courageux.
Les
chiots sont excessivement délicats et demandent beaucoup de soins
et d'attention. Glengarry, qui a une certaine époque possédait
plusieurs de ces chiens, avait l'habitude de les croiser, ainsi que
le font encore aujourd'hui certains propriétaires. Il n'est pas
douteux cependant que ces derniers sont dans l'erreur, du moins si leur
but est d'avoir une race de chiens capables de poursuivre, de chasser,
de tuer, ou de mettre aux abois les grands animaux. Le Deerhound
est un Deerhound, ou bien c'est un bâtard ; il ne peut
y avoir de race intermédiaire. »
«
Ainsi, croisez un Greyhound avec un Terre-Neuve ; le bâtard que
vous obtiendrez sera capable de tuer un lièvre, mais comment
? par un pur hasard ; il ne pourra cependant jamais remporter la coupe
d'Altcar. Il en sera de même si vous croisez le Deerhound avec
le mastiff ou le Bulldog ; ce croisement que l'on a déjà
essayé, pourra développer légèrement quelques-unes
des qualités particulières aux deux dernier chiens, mais
en même temps il diminuera plusieurs des qualités remarquables
du Deerhound, qui sont le propre de la race pure. »
Remarquons
ici que le capitaine Hall prétend avoir possédé
deux chiens Glenmoriston ainsi qu'un troisième d'une autre provenance
et d'avoir donné l'un des trois à un de ses amis d'Irlande.
Peut-être était-ce un des descendants de ce chien que l'ami
du capitaine Graham prit pour un Woldog vers 1840. Dans tous les cas,
nous pouvons constater que dès cette époque des Deerhounds
avaient été envoyés en Irlande.
Le
général Hugh Ross et le colonel David Ross possédaient
aussi il y a quelques années un beau chenil à Glenmoidart
; ce qu'il en reste y compris Oscar, 1er prix
à Birmingham en 1865 et 1866, est devenu la propriété
d'un de leur parent, le major Robertson qui malheureusement à
perdu le Livre des Origines du chenil
Le
colonel Campbell de Monzie était aussi connu pour son chenil
de Deerhounds, il y a quelques trente ans, et Gruamach, père
de Torunn, à M. Lochiel, et de Pirate, est peut-être le
plus célèbre de ses élèves.
Sans
aucun doute c'était un très remarquable animal, et je
me permet d'ajouter, sans vouloir me vanter aucunement, qu'un amateur,
grand éleveur de Deerhounds pendant environ trente ans et parfait
connaisseur, m'a certifier que Gruamach et Morny étaient les
deux plus remarquables Deerhounds qu'il eût jamais vus. Le même
éleveur m'a raconté que Gruamach, horesco referens,
fut dans ses vieux jours tué et mangé par ses compagnons
de chenil ! Ceci est à peine croyable, et c'est, il faut le dire,
une mauvaise note pour le caractère du Deerhound. Dans une conversation
que j'eu quelques années plus tard avec le piqueur à qui
était confié le chenil où le fait d'était
passé, j'appris les détails de cette fin tragique. Il
paraît que les jeunes compagnons de Gruamach fatigués de
la tyrannie qu'il exerçait sur eux depuis trop longtemps, se
réunirent une nuit contre lui et lui firent le triste sort que
je viens de raconter.
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Comme
exemple de la difficulté qu'il y a à bien choisir un chiot
dans une portée de Deerhound, je citerai ce fait que, ayant à
désigner sur une portée de six chiots vivants ceux qu'il
voulait vendre, l'éleveur de Morni et Brenda sacrifia précisément
ces deux derniers. Je me rendis acquéreur du chien pour une somme
minime, et la chienne Brenda fut donnée à un ami. Or,
le chien devint plus tard Champion Morni, le meilleur Deerhound de son
époque, bien qu'il ait cessé de paraître en public
dès l'age de six ans, et la chienne fut mère et grand
mère d'une innombrable série de vainqueurs, et c'est la
meilleure lice du temps. On peut appeler cela de la chance !
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Comme
propriétaire je me fait sans doute illusion sur mon bien, et
peut-être faut-il en rabattre de mes éloges ; mais, à
dire vrai, il m'est impossible de citer un chien qui ait combiné
plus que Morni la beauté, la symétrie et la force : il
était d'une bonne hauteur et d'une longueur proportionnellement
supérieure à la moyenne ; il avait avec cela une poitrine
excessivement profonde et des reins énormes, avec l'arrière-train
d'une largeur étonnante, l'avant-bras magnifique, et en même
temps la silhouette parfaite du Greyhound. Il possédait aussi
cette apparence typique et ce caractère qui manquent en général
à nos spécimens actuels. On ne lui trouva jamais qu'un
seul défaut : son poil était trop doux ; mais cela venait
de ce qu'on l'avait élevé comme un chien d'appartement.
S'il avait été relégué au chenil, son poil
serait devenu bien assez dur ; d'ailleurs c'est la dureté même
en comparaison de ce que nous avons vu depuis chez nos premiers prix
d'expositions.
Pirate,
à M. Lochiel, était un des plus beaux chiens que j'aie
vus ; il mesurait 73.5 cm à l'épaule ; sa charpente était
solide et ses proportions harmonieuses ; il avait un poil assez dur
et de bonnes longueur ; il était en un mot, ce que doit être
le Deerhound : la force et la vitesse combinée ; sa couleur était
de ce bleu foncé qui est si prisé et si rare.
M.
J. Addie possédait un chien de proportions charmantes, nommé
Arran ; il était bien connu il y a une douzaine d'années.
Sa taille dépassait 76 cm à l'épaule ; il avait
une poitrine étonnamment profonde, un rein de premier ordre,
des membres solides et parfaitement conformés ; son poil était
bleu foncé ; presque noir, mais trop clairsemé, spécialement
sur la tête et les jambes : c'était là son principal
défaut.
Brenda,
à m. Parker, fut saillie par lui : telle est l'origine de Borna
et Léona, au même propriétaire, et de mon chien
Lord of the Isles, et l'on peut trouver dans ces descendances quelques-unes
des meilleures qualités de leurs ancêtres.
La
deuxième portée, par Wallace, hors la même chienne,
donna à M. Parkes, Barva et sa célèbre chienne
Léona, l'une des meilleures de ces dernières années.
Barva était un vrai Deerhound ; d'une vitesse remarquable et
sautant admirablement, il aurait fait un excellent chien de travail.
Mais sa taille n'étant que de 71 cm, il n'eût aucun succès
aux expositions et fût vendu pour l'étranger.
Nous
pouvons remarquer ici que Wallace, de taille ordinaire, produisit
des chiens de taille exceptionnelle ; de ce fait, il est permis de conclure
qu'un animal même petit, mais ayant des ascendants de grande taille,
peut transmettre cette qualité tout aussi bien que le ferait
un de ses parents beaucoup plus grand que lui ; ceci rend justice au
système que je préconise et qui consiste à ne pas
toujours choisir dans une famille les sujets les plus grands et les
plus gros dans le but unique de donner aux produits une taille élevée
; cette façon d'agir ne sert qu'a perpétuer la lourdeur
et la vulgarité, sans pour cela donner nécessairement
la taille que l'on désire.
Si,
pour faire de l'élevage, vous vous servez de sujets de petite
taille, choisis dans une famille dont les membres sont de grande taille,
parfaitement conformés et bien typiques, vous pouvez être
presque certain d'obtenir ces dernières qualités et très
probablement la taille aussi, car « un nain, fils de géants,
peut engendrer un géant ».
Il
est bon de noter combien dans ces dernières années les
chiennes ont été supérieures aux chiens. Pour un
bon chien, nous trouvons trois ou quatre bonnes chiennes. Parmi ces
dernières, il ne faut pas oublier Maida au docteur Haddon. C'était
une bête remarquable, avec un poil superbe. Teeldar et Leona,
à M. Parkes, étaient aussi deux animaux de premier ordre.
Je pourrais en citer bien d'autres et faire défiler ici une liste
fort longue de chiennes hors ligne, à coté desquelles
les spécimens actuels feraient triste figure. Cette considération,
jointe à la crainte de ne pas paraître impartial, lorsqu'il
s'agit d'animaux contre lesquels mes élèves n'ont pas
cessés de concourir pendant ces quinze dernières années,
me porte à ne pas prolonger l'énumération de ces
sujets d'élite.
Le
Deerhound actuel d'exposition n'est pas suffisamment long et n'a pas
assez le type de Greyhound ; son museau est épais, commun, ses
oreilles lourdes, son poil laineux ; tout l'ensemble manque de distinction.
Ces défaut proviennent de ce que les éleveurs visent
la taille seulement. On ne devrait jamais cherche à dépasser
76 cm à l'épaule, 83 ou 83 cm de tour de poitrine, et
61 cm au moins de tour de rein. Pour le reste, nous devrions nous efforcer
de combiner la force et la vitesse avec la plus grande somme possible
de « race », et de gagner en longueur, de manière
à donner à la charpente de nos chiens, quelle que soit
leur taille, une apparence longue et basse et non pas l'aspect dégingandé
d'un échassier.
La
description que je vais donner du Deerhound point par point n'est pas
seulement l'expression de mon opinion personnelle, mais elle se
base sur tout ce que j'ai plus recueillir de renseignements, pendant
le cours de longues années, auprès des premières
autorités sur la matière, tant en Ecosse qu'ailleurs,
L'on me répondra peut-être ce que me disait il y a peu
de temps un partisan de la taille avant tout, au moment ou j'invoquais
à ce sujet le témoignage d'une personne chez qui on élève
des Deerhounds depuis des générations : « L'opinion
d'un Ecossais, je m'en soucie comme d'un fétu ! » Ces mots
dépeignent bien la règle de conduite que nous adoptons
lorsque nous touchons aux races étrangères ; nous voulons
enseigner aux moines du Saint-Bernard ce que doit être un Saint-Bernard,
et nous persistons à donner le nom de Grand Danois ou de Boarhound
(corrupton de mot Bauerhund) au Mastiff Allemand malgré l'avis
des Allemands eux-mêmes *
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